Les dokhras

En provenance des tribus les plus anciennes de l'Est de l'Inde (Orissa tout particulièrement), les dokhras sont faits de mélanges de métaux dont chaque tribu a la recette et l'exclusivité, ce qui ajoute à la grande variété de ces "productions".

 

                

 

La technique n'a pas changé depuis des siècles : on l'appelle " à la cire perdue", ce qui signifie qu'il y a un moule par objet, lui conférant ainsi originalité et rareté. On exécute d'abord une représentation grossière de l'objet, en argile. Puis on prépare des fils de cire noire grâce à une presse spécialement conçue à cet effet...

 

                              

     

Ensuite, l’artisan enveloppe la terre avec ces fils de cire molle, modelant ainsi une figurine qui comprend tous les détails qu'aura la pièce finie.

 

                 

 

Le jour suivant, on recouvre ce modèle de cire avec de la terre provenant de termitières (la digestion et la salive des termites rendent la terre plus fine et plus compacte) puis avec de l’argile. Et on laisse sécher pendant une semaine environ...

 

 

 

                   

 

Ensuite vient la chauffe. Grâce à un petit orifice percé dans le moule, la cire fond et s'écoule. On la remplace, dans le creux ainsi créé, par du métal en fusion qui prend ainsi l'exacte forme des dessins sur la cire.

 

    

 

Enfin, on casse l’enveloppe… et un être unique éclôt.

 

                  

 

Les œuvres réalisées sont généralement des bijoux ou des objets rituels. Placés sur les autels des huttes ou dans des lieux communautaires, les objets rituels sont généralement des ex-votos destinés à conjurer des mauvais sorts ou à invoquer des moments propitiatoires. Le résultat témoigne d'un génie créatif fruste mais vivant.

 

Selon les groupes ethniques, les dokhras correspondent à des règles, à des compositions et à des sujets différents :

  • les dokhras du Bastar (Etat du Chattisgarh), généralement en bronze, sont remarquables pour les ornements de ses personnages,
  • les dokhras des Santals (Nord de l’Orissa), en laiton jaune, figurent principalement des divinités hindoues,
  • les dokhras des Kondhs (Sud de l’Orissa), en laiton noirci, proposent des bijoux et des personnages auspicieux.

 

Les dokhras des Kondh

 

Le groupe tribal des Kondh vit dans les forêts de l’Orissa et compte de nombreuses tribus dont les Dongria Kondh (8000 individus répartis dans une centaine de villages).

Ceux-ci se sont fait entendre en résistant contre le projet d’implantation d’une mine de bauxite qui aurait provoqué la disparation de leur montagne sacrée Niyamgiri. En août 2010, la petite tribu a remporté une incroyable victoire sur le géant minier en obtenant du ministre indien de l'Environnement de geler le projet d’exploitation de bauxite sur ses collines sacrées. 

 

                        

 

Les Kondh sont des chasseurs, cueilleurs et cultivateurs de curcuma. Ils ne fabriquent pas eux-mêmes leurs dokhras. Ils les font réaliser par une sous caste de « dalits » experts dans le travail du métal : les Dombs, avec lesquels des relations d’échanges économiques sont installées depuis des siècles.

 

Les dokhras des Kondhs sont réalisés lors d’évènements qui marquent la vie de la famille et du village. Ils sont aussi échangées en contrepartie d’objets proposés par d’autres tribus (textiles, poteries, vanneries…) lors de marchés locaux ou à l’occasion de « mela » (grands rassemblements). Ils sont généralement réalisés en laiton noirci.

 

 

                       

 

 

 

       

 

 

 Les dokhras des Santāl

 

Ces statuettes sont en laiton de couleur dorée et généralement réalisés à des fins propitiatoires. Elles sont souvent marquées par l’hindouisme et figurent les grandes divinités hindoues tels Ganesh, Hanuman, Vishnu…

Elles marquent le rythme des saisons et des fêtes qui les ponctuent. On y trouve en particulier un bol à offrande de riz à l’effigie de Lakshmi, déesse de la prospérité. Selon la tradition, ce bol doit être produit à chaque nouvelle récolte de riz. Les premiers grains de riz doivent y être déposés. Placé sur un autel dans la hutte, ce bol sera honoré pendant plusieurs journées consécutives à l’occasion de prières et de rituels, puis il sera fondu dans le feu à l’issue des célébrations. Le métal recueilli permettra plus tard la réalisation d’un nouveau dokhra, objet d’un nouveau rituel.